DescriptionSi l’image de subjectivité proposée par À la recherche du temps perdu est caractérisée par l’éclatement, ce n’est pas seulement en raison du travail du Temps, qui porte les personnages de Proust à perdre la coïncidence avec eux-mêmes. C’est également en raison de leurs énoncés, qui rétroagissent sur leur personne en en modifiant les traits. Dans ma thèse Quand dire, c’est devenir. Proust et la pragmatique du sujet, je m’appuie sur les revendications de la philosophie pragmatique, ayant pour objet les liens intrinsèques entre le dire et le faire, pour penser les liens intrinsèques entre le dire et le devenir des personnages de Proust. La structure en trois parties de la thèse recoupe trois macro-situations d’énonciation dans lesquelles leurs discours, vides du point de vue du sens, déclenchent la destruction/recréation de leur moi du moment : 1. Le discours mondain ou bavardage, fabrique du moi social 2. Le discours amoureux, fabrique d’un moi paranoïaque et jaloux ; 3. Le discours intérieur, fabrique des moi spectraux, dont les liens avec la « réalité » du sujet parlant – en réalité sujet parlé – demeurent douteux.
Spectre de ma thèse : la question de l’écriture, l’écrivain, selon Proust, étant l’être qui, en faisant sa langue, s’écrit selon un projet existentiel ayant la liberté pour horizon. Doit-on opposer aux fabriques du sujet que sont les discours oraux un atelier dans lequel le locuteur et l’interlocuteur, devenus maintenant l’auteur et le lecteur, cessent d’être les otages de la langue pour s’ériger en « législateurs » de sa puissance performative ?